Evolville : la culture scientifique au secours des milieux herbacés

Objectifs :

En réponse aux modifications de l’environnement urbain, les populations et communautés animales et végétales se réarrangent, s’accommodent et/ou s'adaptent. Comprendre les processus amenant à ces différentes réponses est essentiel pour concevoir des bâtiments, quartiers et villes plus écologiques et résilients.

Notre projet vise à suivre sur le long terme 60 espaces herbacés urbains de I’EMS distribués dans une variété de formes urbaines et fauchés plus ou moins fréquemment. Les résultats de cet observatoire vivant alimentent la réflexion sur l'optimisation de la gestion et de l'aménagement de notre territoire. La collectivité a besoin d'être accompagnée par des experts. Ce suivi scientifique permet de faire évoluer sa manière de faire notamment sur ces sites herbacés pelouses, prairies et friches encore trop souvent considérés comme des espaces sans usage ni fonction ou même intérêt écologique.

Mesures mises en œuvre :

Le projet a été initié en 2020 par l'Université. Un certain nombre de sites herbacés ont été identifiés, répartis sur le territoire afin de pouvoir suivre les effets de gradients d'urbanisation, de gestion et d'usages. Les propriétaires et gestionnaires concernés contactés. Un inventaire de la flore est réalisé annuellement depuis.

En 2021, sur chaque site, une description des principales caractéristiques du sol a été réalisée via un sondage à la tarière et des analyses physico-chimiques réalisées en laboratoire.

Au printemps 2022, des capteurs mesurant toutes les heures la température et l’hygrométrie ont été installés sur tous les sites selon une orientation et une hauteur équivalente, ainsi que des nichoirs à insectes.

Le projet a ensuite évolué afin de suivre plus de groupes taxonomiques et de variables abiotiques. De "Evolville", on est passé à "Écouter la Ville".

Des mesures de luminosité, de bruit, des enregistrements chiropérologiques et des suivis ornithologiques viennent compléter l'étude.

Cet observatoire urbain s'étoffe et se renforce au gré des années et des expertises associées. Les données sont diffusées et vulgarisées à travers des rapports annuels très didactiques.

Résultats / impact pour la biodiversité :

Les sites disposent d'inventaires floristiques, d'analyses de sols, d'inventaires sur les insectes pollinisateurs et sont en cours des inventaires chiroptérologiques et ornithologiques. Des données abiotiques telles que la température, l'humidité, la luminosité ou le bruit sont également mesurées. Ces données sont croisées et communiquées aux propriétaires et gestionnaires des sites.

Cet observatoire urbain est unique et son domaine d'études sur ces sites peu considérés vient apporter des éléments pour éclairer les choix de la collectivité dans l'aménagement du territoire et la gestion de ses espaces.

Les pratiques de gestion sont adaptées quand cela est possible : le nombre d'interventions de fauche, les dates ou encore la méthode ont pu être ajustés. Des projets de plantation ou d'agriculture urbaine ont été décalés pour ne pas détruire les sites.

En termes de planification, le plan local d’urbanisme a été modifié sur des secteurs présentant des enjeux : inconstructibilité de certains sites suivis.

Ce suivi sur le long terme permet de pouvoir suivre les effets des changements effectués. La collectivité ne disposerait ni de ces données ni des arguments pour les changements de pratiques ou de règles d'urbanisme sans cette étude considérée comme robuste, car portée par des chercheurs experts. Le regard des gens sur ces typologies d'espaces évolue.

Crédit photo : Audrey Muratet