La place Napoléon, une place centrale entre eau et biodiversité

 

Capitale Française de la Biodiversité 2021

 

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  • Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de La Roche-sur-Yon
  • Services de la collectivité associés : Direction environnement, développement durable et paysages (exploitation du site), Direction de la culture (mise en scène du chantier)
  • Budget : 15 M€ environ
  • Partenaires financiers : Europe (Feder)
  • Partenaires techniques : Maitrise d'œuvre : A Chemetoff - F Delarozière
  • Date de début du projet : Janvier 2012
  • Date de fin : Janvier 2014
Place Napoléon La Roche

OBJECTIFS

Place emblématique et structurante de la Ville de La Roche-sur-Yon, la place Napoléon a été totalement réaménagée en 2012, dans le cadre d’un projet urbain global visant à en faire « un salon pour les yonnais ».

Autre fois place d’arme, puis vaste parking pendant les 30 Glorieuses et enfin un espace minéral de transit entre quartiers au début du XXIème siècle, le projet porté par A. Chemetoff et F. Delarozière a métamorphosé l’hypercentre urbain en impulsant une forte redynamisation du parcours marchand. Ce duo de « chefs de chantier » liant expertise dans l’aménagement urbain et mise en scène culturelle du programme révolutionne la façon de faire la ville.

La requalification complète de cet espace public central de 2.5 ha est singulière par la place réservée au végétal et à l’eau, supports de biodiversité et répondant à l’enjeu toujours plus prégnant de retour de la nature en ville. La dimension atypique de ce projet réside également dans l’ouverture du chantier au public là où de nombreuses autres opérations sont « interdites au public ». Ici le chantier devient spectacle, de sa genèse à sa réception et plus globalement à la vie de l’équipement puisque le site accueille un bestiaire mécanique : les animaux de la place.

En renforçant la fonction de polarité urbaine, la place devient locomotive touristique et espace public identitaire de la commune et de l’agglomération Yonnaise.

MESURES MISES EN ŒUVRE

18 mois d’intenses travaux de fond dans un contexte urbain où le rôle de la voiture était très marqué métamorphosent le centre-ville. L’architecte imagine une place très végétalisée avec 5000m² de bassins d’eau où prennent place les « animaux de la place », bestiaire mécanique à l’image des machines de l’île de Nantes.

Dans l’aménagement, le piéton reprend une place centrale et prioritaire, les circulations et stationnement sont réduits au profit de grands parterres engazonnés et d'espaces de contemplation des surfaces en eau. Le cycle de l’eau est vertueux : en fonctionnant en circuit fermé, sans apport du réseau, les eaux pluviales collectées du bâti ceinturant la place ainsi qu’une cuve de stockage alimentent les bassins. Sans traitement, l’eau dessert les 4 bassins connectés entre eux avec une circulation d’eau par gravité : les chutes d’eau entre bassins oxygènent les milieux favorables à la vie aquatique. D’ailleurs, la trame verte de la place est renforcée avec un troisième rideau d’arbres de haut jet pour lutter contre l’ICU et avec un maillage d’arbustes et de vivaces. Cette trame végétale se poursuit dans le fleurissement des pieds de mur (minoration de l’imperméabilisation) qui se prolongent dans les autres quartiers en cours d’aménagement.

Pour animer cette place devenu lieu de vie, F Delarozière a scénographié la découverte des animaux de la place selon une légende imaginée pour animer le chantier : «A la création de la ville, sous les ordres de Napoléon, des scientifiques de retour de la campagne d’Égypte ont choisi de conserver à La Roche-sur-Yon un bestiaire mécanique servant à l’observation de la nature». Ainsi, 13 animaux manipulables (plus de 500000 manipulations sur la saison 2019) sont «découverts» lors d’aménagements urbains dans la ville et prennent place dans les bassins. Ces animaux sont en partie inféodés aux milieux humides : loutre, amphibien...

Le projet aurait pu faire l’objet de réunions publiques d’information classiques. Ici, la population a pu participer tout au long du projet en le faisant évoluer par l’apport d’une maitrise d’usage qui vient enrichir la maitrise d’œuvre et en participant à différents temps de chantier spectacle : «le premier coup de pelleteuse», «l’expédition végétale», «le pique-nique sur les stabilisés fertiles». Cette mise en scène culturelle du projet vient ainsi réduire la distanciation des professionnels et citoyens : un chantier « ouvert » comme l’illustraient les belvédères de chantier ...

RÉSULTATS / IMPACTS POUR LA BIODIVERSITE

Refaire la ville n’est jamais un exercice facile, aussi bien pour le maître d’ouvrage que le maître d’œuvre : déconstruire les croyances et  réduire la résistance au changement : un bassin n’est pas un gite à moustiques, n’exposant pas plus autrui à la noyade qu’un étang en zone naturelle. En acculturant les citoyens au projet par un pack d’animations et de mise en culture du chantier, les yonnais se sont vite réappropriés les lieux devenant une place de rencontre, l’eau jouant un rôle fédérateur.

Le gain environnemental est palpable : en désimperméabilisant la place historique, en renforçant une trame verte davantage diversifiée répondant aux enjeux climatiques, en positionnant l’eau comme élément structurant et support d’une faune et flore caractéristique de milieux lentiques, les animaux «mécaniques» ont rapidement été côtoyés par leurs homologues vivants. La place Napoléon devient le lieu d’animation proposées par la maison des libellules (cellule d’éducation à l’environnement de l’Agglomération) qui via le protocole de sciences participatives STeLi a pu caractériser la diversité d’odonates présentes sur site : nax empereur, sympetrum rouge sang, agrions (délicat, jouvencelle).

Grâce à cet aménagement, la place Napoléon permet « de parler biodiversité ». En effet, elle constitue le cœur de la polarité urbaine du schéma de la vallée de l’Yon, porté par La Roche-sur-Yon Agglomération, document cadre visant la valorisation touristique de hots spots de biodiversité.

Coordonnées

Place Napoléon
La Roche-sur-Yon
Contact

Raphael Bedhomme, chef de projet paysage et biodiversité

0670153495

raphael.bedhomme@larochesuryon.fr