Renaturation participative des berges

 

Meilleure grande ville pour la biodiversité 2021

 

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  • Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Lille
  • Services de la collectivité associés : Nature en Ville
  • Budget : environ 6000 € de subvention annuelle consacrés à cette action
  • Partenaires financiers : /
  • Partenaires techniques : VNF, Ecole de la 2eme chance, Blongios, cours Diderot (BTS GPN), Lycée horticole de Lomme, Unicités
  • Date de début du projet : Janvier 2015
  • Date de fin : Janvier 2025
renaturation berges lille

OBJECTIFS

La Ville de Lille compte un linéaire d’environ 20 km de berges de différentes natures. Ces zones d’interfaces entre milieux aquatiques et terrestres, à l’équilibre fragile, sont essentielles pour le développement et la survie de nombreuses espèces animales ou végétales. Or, du fait de leur conception ou des usages propres à chaque site, certaines d’entre elles ne permettait pas d’en exploiter tout le potentiel écologique :

  • Les berges de la Deûle, notamment celles du canal à grand gabarit : lors de leur réaménagement par VNF pour y permettre le passage de péniches de 3000 t, les berges, avancées à la demande de la Ville pour maintenir une lagune, restent néanmoins trop abruptes à l’issue de l’opération pour être propice à la biodiversité,
  • Les berges des anciens fossés défensifs de la Citadelle et de la Tortue : les pressions d’usages, dont la baignade canine, ont entraîné une érosion importante, avec recul de la berge (jusqu’à un mètre par endroits), formation de pentes abruptes, destruction de la végétation en bordure de l’eau et asphyxie de la végétation aquatique par les particules de terre.

L’objectif du projet de renaturation des berges est donc de transformer des milieux stériles ou fortement dégradés en milieux favorables à une flore de zone humide, de maintenir leur qualités écologiques dans le temps en stoppant l’érosion, tout en restant compatibles avec les usages constatés sur le site (baignade canine, pêche, transport de marchandise).

MESURES MISES EN ŒUVRE

Devant la nécessité de travailler en finesse de longs linéaires, un programme de renaturation participative des berges a été conçu. Toutes les opérations sont manuelles.

De manière générale, les pentes sont adoucies pour limiter l’érosion, favoriser l’installation des végétaux et diversifier la flore spontanée. Toutefois, en fonction de l’emplacement et de la configuration de chaque linéaire de berge,  des aménagements spécifiques sont réalisés :

  • Les fossés de la Cunette, les berges de la Tortue ainsi que celles de la mare Winston Churchill ont été simplement reprofilées en pente douce à la bêche (<10%), sur 600 mètres environ.
  • Le long du fossé des Pêcheurs et du Grand carré, hauts lieux de la baignade canine, le reprofilage simple des berges a été complété de l’installation de ganivelles de protection, végétalisées avec des perches de saules et au travers desquelles on a ménagé des accès à l’eau ponctuels (pontons pour chiens). Ce sont 1200 mètres de berges qui ont été ainsi protégées, tout en maintenant les usages. Des poches de tourbières alcalines et 15 plateformes à foulques y ont aussi été installées.
  • Le long de la Deûle :
    • Le long du canal à grand gabarit, un linéaire de 500 mètres d’enrochements a été reprofilé en pente douce. La transplantation conjointe de mottes de carex prélevées dans les fossés du chemin de halage voisin a permis d’éviter son comblement.
    • En différents point de la Deûle et sur un total de 500 m, les enrochements ont été également reprofilés, avec création d’une risberme. L’ensemble est complété par la plantation de saules et la création de mares adjacentes.
    • Remplacement d’un cordon d’enrochement par des fascines de saules issus de la taille des têtards : extension de la phragmitaie d’un mètre sur 200 m de long,
    • Des tourbières ont été créées par reprofilage avec création de lagune et dépôt de phragmites et mottes de carex sur le site des Pyramides (200m).
    • Une ripisylve a par ailleurs été recrée, sur 750 mètres, par plantation de saules (pourpres, des vanniers et à trois étamines), en différents points du canal à grand gabarit et le long de la Tortue.
    • Enfin, 7 aménagements ont été réalisés pour favoriser la nidification des martins pêcheurs et un site pour les hirondelles.

Le format des chantiers est adapté en fonction de la nature des travaux et des linéaires à travailler. Ils ont mobilisé pour la plupart 10 à 15 bénévoles encadrés par des partenaires associatifs et l’écologue de la Ville, mais les chantiers les plus conséquents ont rassemblé 80 volontaires. Des groupes constitués (écoles, entreprises) comme des individuels ont participé à ces opérations, dont la communication est relayée par les partenaires et la newsletter nature de la Ville.

RÉSULTATS / IMPACTS POUR LA BIODIVERSITE

Ce sont au total près de 20 % du linéaire de berges de la Ville de Lille qui ont été renaturés par les habitants et associations.

De manière générale, ces berges, récemment renaturées, sont en train de (re)devenir écologiquement fonctionnelles :

  • Sur les fossés de la cunette, orties et chardons ont laissé place à un cortège diversifié de plantes de zones humides, dont certaines plantes pionnières qui avaient disparu de Lille (scirpe des marais, rorippe aquatique, cresson à petites feuilles) et une mégaphorbiaie d’intérêt communautaire,
  • La pression des usages n’est plus préjudiciable dans les zones protégées : la végétation reprend, les grenouilles vertes colonisent le milieu, la turbidité a diminué, une vingtaine de couples de foulques nichent dans la zone et limitent la prolifération de lentilles d’eau,
  • La ripisylve à saule des vanniers se développe, les poissons frayent dans les racines, une riche flore de zone humide se développe (une trentaine de stations de Angelica archangelica contre 5 il y a 5 ans environ). Les conditions sont réunies pour accueillir les abeilles sabulicoles, ainsi que pour soutenir la colonisation progressive par le castor d’Europe, aperçu sur le canal de Roubaix.
  • Les zones de tourbières alcalines méso- à eutrophes s’auto-entretiennent grâce aux carex qui génèrent de la biomasse. Si on y observe un cortège de plantes ordinaires des marais, on note en particulier la présence de jonc subnoduleux réapparu récemment.
  • 2 à 3 couples de martins pêcheurs nichent chaque année
  • Multiplication par 5 de la population de rousserolles effarvattes en 10 ans.

Coordonnées

Lille
Contact

Sylvain LEROUX, Directeur Nature en ville

06 23 25 83 24

sleroux@mairie-lille.fr